De la tolérance à la miséricorde
Journée mondiale de la jeunesse en 2016 à Varsovie
L’histoire de l’Église ne confirme-telle pas cette opinion si largement partagée d’un système clos, excluant celles et ceux n'en faisant pas partie ? cela est vrai – mais en partie seulement : les croisades, l’Inquisition, les persécutions anti-protestants… sont autant de preuves de l’intolérance religieuse, c’est-à-dire du refus de l’altérité ou du vivre ensemble. cependant, en pratique, bien des chrétiens ont refusé cette intolérance. Pensons au droit d’asile, à la trêve de Dieu, pensons aussi aux grandes figures comme François d’Assise rencontrant le sultan d’Égypte, Bartolomé de Las casas le défenseur des Indiens, Matteo ricci devenu chinois avec les chinois, Thomas More… et bien d’autres.
On doit noter que cette intolérance devient absolue lorsque la religion et le pouvoir politique se soutiennent l’un l’autre. c’est ce qui s’est passé à partir du IVe siècle lorsque ; sous l’empereur théodose (379-395), le christianisme est devenu religion d’État. Au cours des siècles qui ont suivi – jusqu’au XIXe siècle – cette complicité s’est maintenue.
«Aimez vos ennemis», dit Jésus
Mais depuis la fin du XIXe siècle, l’Église s’est progressivement séparée, parfois douloureusement, de la sujétion au politique, retrouvant, à la manière de Jésus son fondateur, sa liberté d’agir, de penser et même de contester. Oui, la tolérance, au sens positif du terme, est née avec Jésus, celle qui consiste non seulement à «supporter» celui qui ne pense pas comme moi mais à le respecter, à le rencontrer, à dialoguer et même à l’aimer. «Aimez vos ennemis», dit Jésus.
Miséricorde : un cœur ouvert à tous
Cependant doit-on s’arrêter à la tolérance ? Si l’on suit la Bible, il nous faut aller jusqu’à «la miséricorde». Cette expression désigne, dans la Sainte Écriture, la principale qualité de Dieu. En effet, «miséricorde» désigne «l’amour d’un père et d’une mère, un amour viscéral», nous dit le pape François, qui a consacré toute l’année 2015 à recentrer les catholiques sur cet objectif. Ainsi, le pape invite-t-il tous les fidèles à imiter Dieu et à ouvrir, comme lui, largement leur cœur non seulement aux frères chrétiens mais à tout homme.
Tolérance et miséricorde : ces deux termes devraient aujourd’hui être les deux qualificatifs principaux de l’Église car celle-ci a pour mission de «révéler le visage du vrai Dieu» (pape François).
Père Claude Collignon