«J’étais en prison et vous êtes venu jusqu’à moi» — Regard plus
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«J’étais en prison et vous êtes venu jusqu’à moi»

Aller en prison à la rencontre de personnes qui viennent de subir un arrêt brutal dans le cours de leur vie, c’est suivre ces paroles prononcées par Jésus1. Et c’est rappeler à ces personnes que Dieu est à leur côté.

L’incarcération en maison d’arrêt provoque un véritable séisme dans une vie : séparation de la famille, perte de son emploi, perte de ses amis, de ses connaissances, enfermement dans une petite cellule sans intimité, subir la promiscuité. ce séisme fait suite, le plus souvent, à des actes volontaires d’une plus ou moins grande gravité. Quel est le rôle de l’aumônier dans ce milieu carcéral où la violence, les influences, les marchandages sont toujours présents ? 

«Le Seigneur est proche, mais dites-le par des gestes, par des paroles, par le cœur, rappelle le pape François (audience avec les aumôniers de prison, en octobre 2013) ; que le Seigneur ne reste pas à l’extérieur de leur cellule, ne reste pas à l’extérieur des prisons, mais qu’il est là à l’intérieur, il est là… Il pleure avec eux, il travaille avec eux, il espère avec eux.»

ces mots du pape François disent bien la mission de l’aumônier : aller à la rencontre des personnes détenues. Aller à la rencontre d’hommes. Surtout, ne pas aller à la rencontre d’un meurtrier, d’un violeur, d’un voleur, d’un trafiquant ; mais bien aller à la rencontre d’un homme, quels que soient les faits qui l’ont amené derrière les barreaux. 

Entre silence et parole 

Les premiers échanges en cellule peuvent paraître remplis de banalités. Les discussions tournent souvent autour des parloirs attendus, de l’absence de courrier, du manque de nouvelles de la famille. La famille dont les photos tapissent parfois le mur à la tête du lit. toutes ces petites choses qui raccrochent à la vie à l’extérieur. c’est le temps indispensable de l’écoute, de l’établissement de la confiance. Pour l’aumônier, c’est trouver sa juste place entre silence et parole, entre discrétion et intervention. Ne pas s’imposer, rester attentif, être disponible, à l’écoute et être ouvert à l’accueil, favoriser la parole. cette place est parfois difficile à trouver. Pour les personnes détenues, c’est aussi le temps où ils nous jaugent. 

Peu à peu, les barrières tombent et vient le temps où la parole se libère, avec le sentiment d’être reconnu. L’aumônerie apparaît alors comme un lieu où il est possible de prendre la parole, un lieu où on n’est pas jugé, un lieu où il est possible de vider son sac, de se livrer, de parler de ses actes, de dire ses souffrances. Pour l’aumônier, aucune parole n’est possible s’il n’y a pas d’abord la confiance et le sentiment d’être accueilli, reconnu et écouté pour enfin leur parler de la bonne Nouvelle qu’est l’Évangile. Les inviter à agir et suivre l’exemple du christ. 

Oui, il est possible d’appeler à vivre la liberté, même en prison. Vivre en liberté, c’est pouvoir entrer dans un dialogue où l’échange de la parole permet d’exister en face de l’Autre, et des autres, d’exister en face de Dieu. 

Daniel Vossaert, aumônier de prison