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«Je vis un moment de grand bonheur»

Paul-Emmanuel Lallement a été ordonné diacre, le 21 octobre, en la basilique Saint-Remi. Il raconte son chemin vers la prêtrise.

Comment s’est construite votre vocation ?

Paul-Emmanuel Lallement. J’ai grandi dans une famille chrétienne pratiquante dans laquelle on m’a transmis la foi. C’est la parabole du semeur : la graine tombe en terre et il se peut qu’elle pousse tout de suite, et il se peut aussi qu’elle prenne du temps ; chez moi, elle a poussé tout de suite. Le Seigneur a toujours été pré- sent dans ma vie. J’étais très actif durant ma scolarité au collège et au lycée SaintJoseph. J’étais engagé, toujours présent dans l’aumônerie. Et c’est là que ma foi a grandi. Après mon bac, j’ai intégré une prépa littéraire. Durant mes années étudiantes, ma foi a mûri. L’appel est venu pendant une retraite au carmel d’Avon, en méditant le texte de l’Annonciation. J’ai été saisi par le oui de la Vierge Marie. Ce oui à l’appel de Dieu, cette disponibilité, je me suis demandé si je pouvais ré- pondre oui comme elle. Dans cet instant, j’ai ressenti l’appel à devenir prêtre. Dans mon enfance, un pèlerinage à Lisieux m’avait aussi beaucoup marqué. C’est surprenant comme les saints nous choisissent et, dans mon histoire, Thérèse de Lisieux est présente à tous les «coins de rue». Les carmélites ont pour vocation de prier pour les prêtres. Thérèse de l’enfant Jésus a beaucoup prié pour les prêtres. Je suis un fruit de cette prière et de son intercession. J’ai mis cinq ans pour mûrir cet appel parce que cela ne rentrait pas dans mes plans de carrière, de vie : «Mes chemins ne sont pas vos chemins», a dit le Seigneur

C’est surprenant comme les saints nous choisissent et, dans mon histoire, Thérèse de Lisieux est présente à tous les «coins de rue.

Vous aviez d’autres projets ?

Oui, je voulais être enseignant-chercheur en histoire, avoir une femme, des enfants, une maison, une voiture… J’ai mis cinq ans à me rendre compte que ce plan de vie ne faisait pas mon bonheur. Alors que je préparais l’agrégation d’histoire, un jour, je me suis dit : «Mais ce n’est pas possible ce que tu fais. Tu as un désir au fond du cœur, c’est quelque chose qui a été semé en toi, qu’est-ce que tu en fais ?» À partir de là, j’ai pris un accompagnateur spirituel et fait une retraite chez les jésuites, ce qui m’a beaucoup aidé à discerner l’œuvre de Dieu dans ma vie. Ensuite, j’ai reçu comme une grâce d’être envoyé par l’évêque de Reims en année de propédeutique, année de discernement et de fondation spirituelle, à Nancy. Dans l’Église, on est toujours envoyé, ce qu’on vit dans l’Église, c’est ce que Dieu veut pour nous.

Après Nancy ?

J’ai été envoyé à Lille pour mes deux premières années de séminaire. Mais je n’étais pas satisfait. Dieu m’a fait rencontrer l’Institut Notre-Dame de vie, c’est un institut de spiritualité carmélitaine dont la maison mère est située à Venasque dans le Vaucluse. J’ai vite compris que ma place était là. J’y ai passé deux ans, une sorte de noviciat. C’étaient deux années coupées du monde avec du travail manuel, des lectures spirituelles, une vie en communauté isolée du monde, parce qu’on a besoin de cet isolement profond avant d’être «envoyé». Ensuite, Monseigneur Jordan m’a envoyé au séminaire ouvert par l’Institut NotreDame de vie, pendant trois années. L’enseignement est fortement marqué par la spiritualité carmélitaine. C’est à la fois un séminaire et une faculté : une trentaine de séminaristes, des prêtres et des laïcs, quatre-vingts personnes en tout. Chaque étudiant doit faire une heure d’oraison silencieuse par jour. Comment peut-on apprendre des choses sur Dieu si on ne se met pas à son écoute dans la prière ? 

Et la prêtrise ?

J’ai fini mon cursus à Venasque. J’ai été ordonné diacre le 21 octobre 2017. Pendant un an, je vais être présent dans les paroisses Saint-Remi, Saint-Maurice, Saint-Laurent et Saint-François-Xavier. Je prendrai part à la pastorale des jeunes, à celle des obsèques, à la préparation et célébration de baptêmes ou de mariages. J’assurerai aussi une prédication par mois. Enfin, je garderai une journée par semaine pour des cours à Paris. À la fin de cette période, j’enverrai une lettre à mon évêque qui dira oui ou non à mon ordination, et qui en décidera le lieu et la date. Actuellement, je vis un moment de grand bonheur car je suis heureux d’avoir été choisi par Dieu.

PROPOS RECUEILLIS PAR GENEVIÈVE GRASSET