«L’autre : une source d’enrichissement»
S’investir pour les autres, notamment en mettant à profit ses connaissances, est un patrimoine familial dont Marina a hérité et qui l’a conduite à s’engager dans le bénévolat dès son adolescence. D’abord dans le
cadre de l’aide aux devoirs, puis dans l’accueil des familles de détenus au cours duquel elle a rencontré des assistantes sociales qui ont suscité chez elle le désir de faire ce métier.
En effet, elle fut sensible à leur ouverture et leur respect de chaque situation : ne pas être trop intrusif, respecter
la liberté de chacun, tout en tissant un lien. Dans ces conditions, une relation de confiance peut se créer, mais Marina précise que «cela peut prendre du temps et l’engagement doit être mutuel» ; l’accompagnant doit manifester cela par les mots comme les actes, tout en fixant des objectifs afin de susciter l’engagement.
«chaque personne a des compétences»
Marina nous confie qu’«on peut parfois avoir le sentiment d’être une goutte d’eau, mais le moindre petit pas est déjà beaucoup ». Dans ce sens, les objectifs donnés doivent être ajustés aux personnes accompagnées. Elle est convaincue que «chaque personne a des compétences», et en tant qu’assistante sociale elle se doit de les mettre en avant. Et cela ne veut pas dire «faire à la place de» mais bien «avec» afin de développer l’autonomie,
qui est l’enjeu principal de l’accompagnement, celui-ci prenant fin lorsque tous les freins à l’avancée des personnes sont levés. Il s’agit d’«avancer ensemble», pas à pas.
Lorsqu’il y a des difficultés, Marina affirme qu’il est nécessaire de «se décentrer pour rejoindre la vision de l’autre dans son cheminement», et cela implique de s’adapter à son rythme. Dans ce domaine, les collègues peuvent être d’un grand soutien afin de prendre du recul, par rapport à la pratique. Ainsi, durant son expérience au sein d’une collectivité territoriale, a-t-elle pu compter sur l’équipe pluridisciplinaire avec laquelle elle travaillait. Des liens profonds ont alors émergé de cette collaboration, qui a pu aussi permettre à Marina de ne pas être trop investie émotionnellement dans certaines situations, pour une juste distance professionnelle.
Cependant, c’est bien une relation de personne à personne, et chacun est porteur de fragilités. Pour Marina, il
est alors indispensable de faire face à ces dernières pour ne pas mettre à mal l’accompagnement.
C’est donc un chemin d’humilité dont elle témoigne, où la remise en question est constante ; où «on n’a jamais la
réponse absolue mais on fait le mieux possible » et où l’autre est une source d’enrichissement. Marina tente de transmettre cela aux stagiaires qui lui ont déjà été confiés et dont elle accueille le regard neuf sur la pratique.
Lorsqu’on lui demande quelle est son espérance pour l’avenir, elle répond : «Que la société ouvre son regard et élargisse son horizon vers les plus fragiles.»
SARAH BEN ROMDAN