LA FRATERNITÉ, UN APPEL À OSER
La crise dite «des gilets jaunes» a montré un grand besoin de relations fraternelles. Des trois éléments de notre devise républicaine, il est celui auquel on pense le moins. Or, la fraternité est un fruit de la victoire de Pâques. Jésus ressuscité envoie Marie-Madeleine vers les apôtres : «Va dire à mes frères : je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.»
Les apôtres se sont montrés à tout le moins médiocres. Jésus ressuscité ne leur fait pas de reproche, il ne s’adresse pas non plus à quelques-uns d’entre eux. il les rétablit dans leur unité profonde, il les renvoie les uns vers les autres pour qu’ils s’acceptent mutuellement comme des frères. L’expérience pourtant nous l’apprend : lorsque nous sommes déçus de nous-mêmes, nous sommes tentés de nous en excuser en accusant les autres. Jésus ne laisse pas ses apôtres entrer dans un tel jeu. À peine se manifeste-t-il ressuscité, vainqueur de la mort et du péché, qu’il les renvoie les uns vers les autres comme frères.
Le Ressuscité nous appelle à oser nous croire fils et filles du Père alors même que nous ouvrons nos yeux sur nos péchés, et cette filiation se vit en acte dans nos relations fraternelles. Ne soyons pas naïfs : la gentillesse ne suffit pas pour nourrir la fraternité ; il y faut du pardon et la charité qui est l’amour là où il pourrait ne plus y en avoir.
+ Eric de Moulins Beaufort Archevêque de Reims