LES COOPÉRATIVES AGRICOLES : UNE ORGANISATION QUI A DE L’AVENIR
L’organisation coopérative agricole que nous connaissons aujourd’hui s’est adaptée à l’économie moderne de plus en plus mondialisée. Elle présente cependant un visage très différent selon sa taille, la nature de son activité ou son ancrage territorial.
Les premières organisations qui préfiguraient les coopératives modernes sont apparues au XIIIe siècle avec en exemple les «fruitières» du Jura où les éleveurs se regroupaient pour la fabrication des grandes meules de fromage. Cette organisation villageoise subsiste encore dans les traditionnelles «corvées d’ensilage»*. De cette tradition du travail en commun sont nées, en 1945, les Cuma (Coopérative d’utilisation de matériel agricole), en même temps que l’apparition des tracteurs et du matériel motorisé. C’est une des formes les plus vivantes de la coopération agricole qui regroupait encore, en 2017, plus de 12 200 Cuma et 210 000 agriculteurs en France. À côté de ces formes d’organisation coopérative locale, il existe des organisations coopératives nées après les grandes lois de la IIIe République, qui autorisaient les syndicats (1884) et les associations (1901). Cela concerne bien sûr l’agriculture, mais aussi l’artisanat, l’industrie ou les services.
L’agriculture s’est organisée pour mettre en place le syndicalisme agricole, le mutualisme et la coopération telle qu’elle apparaît aujourd’hui. Peut-on dire pour autant que les très grandes coopératives agricoles à vocation internationale sont issues de la tradition villageoise du mutualisme ? C’est à leurs adhérents et à leurs élus de s’assurer qu’elle fait partie de leur mission. Cependant l’organisation coopérative dans le monde reste une alternative fiable au libéralisme sans limite qui génère l’exclusion et la pauvreté. Elle est capable de répondre aux attentes sociétales sur l’alimentation et l’environnement.
Thierry Sarazin